"LA RUCHE" (Paris Secret, Paris des Artistes)

De la Ruche, fondée en 1902 par le sculpteur Alfred Boucher (acquéreur du terrain en 1895), vous ne verrez sans doute que sa grande grille en fer forgé (ancienne grille d'entrée du pavillon des femmes)  et le pavillon de forme octogonale au centre de la propriété (ancienne rotonde des vins vouée à la démolition, dont la structure métallique est de Gustave Eiffel), qu'il a récupérés après la fermeture de l'Exposition Universelle de 1900.

Impossible désormais de flâner parmi les statues, les arbres du jardin et les ateliers d’artistes.

Néanmoins si la curiosité vous poussait, si vous décidiez de découvrir ce haut lieu de créativité caché sous la verdure, l’un des plus importants centres artistiques du XXème Siècle - autrefois ouvert à tous -  alors rendez vous 2, Passage Dantzig (75015 Paris, Métro Convention). Laissez- vous séduire à l’occasion d’une sortie au parcd'expositions de la Porte de Versailles ou d’une ballade au Marché du Livre ancien Parc Georges Brassens.

La Ruche créée pour aider de jeunes et talentueux artistes sans ressource venus du monde entier a été baptisée ainsi par l’entreprenant et philanthrope Alfred Boucher en référence aux abeilles et aux artistes bourdonnant de créativité et s’agitant dans la cité.

Véritable village d’ateliers et de logements d’artistes au loyer très bas, elle a accueilli Amedeo Modigliani, Chaïm Soutine, Fernand Léger, Marc Chagall, Blaise Cendrars, Max Jacob… Il existait même une galerie d’exposition pour les artistes ainsi qu’un théâtre pouvant recevoir plus de 300 personnes où débuta en particulier Louis Jouvet et qui fonctionnera jusqu'en 1934.

Petite fille j’ai passé de longues heures et quelques belles années à trainer dans les allées parsemées de taches de couleurs. J’ai ennuyé les mosaïstes et les peintres de mes  « pourquoi » et mes « comment », surtout cette femme qui peignait des hommes nus grandeur nature, ce que je trouvais étrange, et les sculpteurs que j’accompagnais à la carrière chercher les pierres, parfois capable aussi de rester de longues heures à les regarder faire en silence, prenant même la pose lorsqu’ils me le demandaient, résistant à la fatigue et à l’envie d’aller courir. J’ignorais alors que je me considèrerai plus tard comme privilégiée d’avoir partagé ces moments d’intimité avec eux. Je me souviens de mon père aussi, qui se livrait parfois dans son atelier à d’étranges rituels, mélangeant les couleurs et les produits tel le petit chimiste, obtenant parfois des résultats magiques, nous obligeant d’autres fois à fuir les lieux nauséabonds et toxiques après une expérience « malheureuse », mais qui me faisait toujours rire. J’ignorais que le temps passant, une page allait être tournée sur un lieu qui m’avait charmée, envoutée même, telle Alice au Pays des Merveilles, un monde peuplé de talents mais surtout de générosité d’âme et de richesse intérieure partagée.

Menacée après 1968 par des promoteurs immobiliers, la Ruche a été rachetée en 1971 par René et Geneviève Seydoux qui ont créé une fondation gérant aujourd'hui la cité. La Ruche a été réhabilitée et classée monument historique. Les ateliers ont été agrandis, et la cité accueille désormais 60 artistes. Les candidats sont choisis sur dossiers et louent les ateliers en fonction des places disponibles.

La Ruche n’est plus ouverte au public, mais a le mérité d’exister alors que le Bateau-lavoir d’origine a lui disparu.