Deuxième rencontre entre les collectionneurs privés et les centres d’archives cinématographiques

29/03/2009 16:14

Samedi 28 mars 2009 à 14h30
Salle Henri Langlois
Cinémathèque française
51 rue de Bercy - Paris 12ème s’est tenue la Deuxième Rencontre entre les collectionneurs privés et les centres d’archives cinématographiques:

Cette rencontre était animée par Frédéric Rolland, collectionneur, déposant à la Cinémathèque française.

Frédéric Rolland prépare une thèse à l'université de Versailles Saint-Quentin et a été à l'origine de la première rencontre sur les collectionneurs à la Cinémathèque française en 2008.

Il était  accompagné par Laurent Mannoni, directeur scientifique du patrimoine à la Cinémathèque française.

 Une première édition non ouverte au grand public de la Rencontre entre les collectionneurs privés et les centres d’archives cinématographiques, avait eu lieu le 12 janvier 2008 à la Cinémathèque française. On y avait débattu avec profit (et avec passion) des problèmes juridiques. Pour la première fois depuis la mort d’Henri Langlois, le fil était renoué officiellement entre les collectionneurs privés et la Cinémathèque française.

 

Cette année, la rencontre, désormais ouverte au public, a porté entre autre sur le contenu et l’intérêt de ces collections privées, sur la façon de les faire connaître si besoin…Le rôle essentiel du collectionneur dans l'histoire du cinéma.

En effet, malgré le travail de ces pionniers collecteurs et le travail actuel des cinémathèques qui essayent encore et toujours de compléter et de restaurer leurs fonds, malgré aussi le dépôt légal, il existe bien des lacunes à combler dans les collections publiques.

L’axe qui m’intéressait plus particulièrement lors de cette rencontre, était la Typologie du Collectionneur et son rôle, fort bien décrit par Laurent Mannoni, ainsi que le point de vue de la cinémathèque.

Le musée de la Cinémathèque présente l'histoire de la collecte et de la sauvegarde de ce qui constitue aujourd'hui notre immense patrimoine cinématographique : films, objets, appareils, costumes, archives... Comment les premières collections se sont-elles formées ? Qui est à l'origine de ces initiatives ?

Dans un premier temps, ce sont principalement les collectionneurs privés qui ont compris l'importance du septième art. Grâce à ces pionniers, certaines institutions muséales ont fini par ouvrir leurs portes au cinéma ; grâce à eux, mais plus tardivement, l'Etat a fini par s'intéresser à ce patrimoine hétéroclite, fragile et difficile à conserver. Les premières collections réunies sur le cinéma reflètent fortement la personnalité de leur auteur. Chaque collection possède une spécificité, une démarche particulière, qui doit être mise en lumière, expliquée et illustrée.

 

Alors nos collectionneurs QUI sont-ils?

 Il y a ceux qui désirent « tout avoir » et les « Sélectifs ». Dans les sous catégories nous pouvons les classer de la façon suivante :

-         Les « Erudits » : Chercheurs généreux et ouverts,

-         Les « Richissimes », qui raflent toutes les pièces anciennes au prix fort. Des boulimiques, qui ne savent que faire de ce qu’ils entassent et achètent sans érudition et font flamber les prix,

-         Les « Richissimes », les mêmes mais au goût parfait, qui rivalisent et dépassent même les institutionnels,

-         Les « sans argent »,

-         Les « fous du sujet », qui veulent faire partager leur passion, surtout aux enfants.

-         La « foule » qui chine aux heures perdues et accomplit un travail utile.

-         ….

Certains cultivent jalousement leurs secrets pour cinéphiles endurcis (le traçage de la collection est alors très compliqué, voir impossible), d’autres collectionneurs se portent en véritables créateurs.

 Des boulimiques et érudits, qui ont une relation « amoureuse » à leur collection,   on apprend beaucoup,  de plus ils se comportent en conservateurs.

La famille du collectionneur aussi joue un rôle : l’épouse en premier lieu, qui soit participe à la quête ou la rejette globalement au grand bonheur des salles de vente après divorce. Autres intervenants : les enfants qui plus tard reprendront le flambeau ou non.

Comme nous le voyons, il existe une cohorte de collectionneurs, ancrés dans un dispositif qui les a marqués : ce ne sont pas des cinéphiles ordinaires.

Il en est donc des collection, ainsi que des collectionneurs : Des collections totalement rétrospectives, éclectiques, celles à vocation muséographiques, celles avec des lacunes intentionnelles ou parce que certaines pièces sont introuvables ou circulent peu et celles aux goûts extrêmement précis dont l’obsession, voir les obsessions du collectionneur servent de ligne directrice.

Il existe plus de 100 000 collectionneurs de cinéma de « non film » dont 1 000 collectionneurs privés de films en support argentique.

La bibliographie sur le sujet est inexistante.

Alors, quel est le statut du collectionneur, le collectionneur est-il la béquille du dépôt légal ? Quel est le devenir de la notion de collection ? A l’heure de la dématérialisation du support, l’exigence demeure la même : conserver et préserver la diversité des supports et des contenus. Le Patrimoine, c’est la Conservation de …Tout !

 

Le grand problème au demeurant, est que avec la disparition du collectionneur, disparaît souvent aussi l’historique de la collection. On ne sait plus d’où viennent les pièces, les œuvres. Ce qui inquiète donc, c’est le démantèlement de ces collections, œuvres de toute une vie… Il faut prendre conscience de la fragilité de ce Patrimoine.

« Vos Collections nous intéressent ! ». .. Le dépôt volontaire et fond, est un choix lié aux rencontres et liens tissés avec les collectionneurs …

Alors la collection doit pouvoir avoir une valeur d’échanges des savoirs. Des formes de partenariat sont à envisager (aide à la programmation contre un état des lieux des films déposés…), il faut privilégier le dialogue car l’échange d’informations, de même que le traçage (cartographie des collections et établissement des manques) est essentiel pour suivre ce patrimoine. Les collectionneurs, parfois aussi en marge de la loi, ont un rôle à jouer. Ils ont sauvé des films, dont personne ne voulait, comblant les lacunes, mais le bilan des pertes est pratiquement impossible à faire !

 

 

 

 

 

 

 

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